Gradus ad Parnassum, Traité de Contrepoint

dessin de couverture J.A.W.

Contrepoint : Théorie de l’écriture polyphonique où l’on envisage le langage musical en sons superposés dans une perspective horizontale. Alors que l’harmonie désigne la théorie de l’écriture homophonique dans une perspective verticale et utilise l’accord comme matériau premier, le contrepoint part de la mélodie et définit les principes et les règles permettant de superposer deux ou plusieurs lignes mélodiques simultanées, censées conserver chacune un intérêt propre.

Marc Honneger, d’après Connaissance de la musique Bordas

Johann Joseph Fux (1660-1741) : Organiste, compositeur et théoricien autrichien. Nommé maître de chapelle en 1704 à la cathédrale Saint Etienne de Vienne, il a servi trois empereurs successifs. Il est l’auteur de nombreux oratorios, d’œuvres sacrées (Missa di San Carlo) et de pièces ou l’écriture a cappella alterne avec des parties instrumentales. Il est surtout célèbre pour son Gradus ad Parnassum, édité en 1725 à Vienne.

Le Gradus ad Parnassum est à la base de l’étude du contrepoint depuis plus de 250 ans : Mozart, Haydn, Beethoven, Berlioz, Chopin, Liszt, Richard Strauss, Paul Hindemith et de nombreux autres ont étudié cette technique d’écriture à travers cet ouvrage. Mais ce n’est pas un livre destiné uniquement aux musicologues et chercheurs : même débutant, tout étudiant en écriture musicale (classique ou jazz), peut tirer profit de cet ouvrage vivant et didactique qui fait encore référence dans la plupart des pays anglo-saxons.

Dans sa Préface au Lecteur, J.J.Fux déplorait l’absence d’un ouvrage suffisamment clair et progressif pour tout étudiant désireux d’étudier l’art du contrepoint. Cette constatation l’avait incité à écrire le Gradus ad Parnassum.

Jusqu’à la publication de cet ouvrage en 2012, il en était de même en France, étant donné que ceux existants sur le contrepoint consistent le plus souvent à montrer une série d’exercices déjà réalisés sans explication qui s’adressent à des étudiants étant censés suivre un cours dans une classe d’écriture. Il manquait donc une traduction française.

Voilà qui est fait avec le travail de Jo Anger-Weller et Irène Saya qui ont effectué la traduction à partir du fac-similé latin édité, préfacé et commenté en allemand et en anglais par Alfred Mann. Les traductrices ont eu pour objectif de se tenir au plus près du texte original pour en garder la saveur et l’humour tout en employant, pour faciliter la compréhension et l’étude, des termes modernes (ronde à la place de « semi-brève », temps fort à la place de « arsis », etc, quinte diminuée au lieu de « fausse » quinte).

Pour faciliter la lecture des portées, le choix a été fait d’utiliser l’écriture moderne des notes et d’employer les clés de Sol et de Fa, tout en gardant en référence les clés d’Ut telles qu’elles se trouvent utilisées pour l’alto et le ténor sur le fac-similé ; les liaisons ont été écrites (dans le fac-similé la présence d’une liaison entre deux mesures est indiquée par un point dans la deuxième mesure).

Consulter un ouvrage du dix-huitième siècle ne doit pas nous empêcher les technologies à notre disposition à l’aube du troisième millénaire !

L’Editeur

Préface au lecteur

D’aucuns s’étonneront peut-être, alors qu’il existe tant d’œuvres monumentales sur la musique, écrites aussi savamment qu’abondamment par des hommes illustres, que moi, j’aie entrepris de me lancer dans ce genre de projet d’écriture ; d’autant qu’à notre époque, la musique se fait de façon presque arbitraire et les compositeurs, qui détestent les mots mêmes d’école et de loi comme si c’était la mort, refusent d’être bridés par quelque règle ou principe. A ceux-là, je veux faire connaître mon sentiment. Il y a certainement quantité d’auteurs réputés pour leur enseignement et leur compétence qui ont laissé abondance de travaux sur de belles théories musicales ; mais en ce qui concerne la pratique de l’écriture musicale, ils en ont dit très peu et ce peu est difficilement compréhensible. En général, ils se sont contentés de donner quelques exemples et n’ont jamais ressenti la nécessité d’inventer une méthode simple qui permettrait aux débutants de progresser en douceur, d’avancer pas à pas jusqu’à atteindre la maîtrise de cet art. Les plus ardentes calomnies contre l’école et la décomposition de notre époque ne doivent pas m’effrayer.

C’est aux malades qu’on donne des médicaments et non à ceux qui sont en bonne santé. Cependant mes efforts ne tendent pas – je ne prétends même pas en avoir la force – à résister à la poussée d’un torrent envahissant précipitamment ses berges. Je ne crois pas pouvoir détourner les compositeurs de l’extravagance effrénée de leur écriture pour les ramener à une juste mesure. Laissons chacun suivre sa propre opinion. Mon objectif est d’aider les jeunes gens qui veulent apprendre. J’en ai connus et j’en connais encore qui ont de grandes aptitudes et qui sont visiblement attirés par l’étude; cependant, par manque de moyens et de professeur, ils ne peuvent réaliser leur ambition, mais demeurent, si l’on peut dire, à jamais désespérément assoiffés.

Cherchant une solution à ce problème, j’ai donc commencé, il y a longtemps, à élaborer une méthode qui ressemble à celle avec laquelle les enfants apprennent à déchiffrer d’abord les lettres, puis les syllabes, ensuite les combinaisons de syllabes et enfin à lire et à écrire. Et la tâche n’a pas été vaine. Lorsque j’ai utilisé cette méthode d’enseignement, j’ai observé les progrès époustouflants et rapides des élèves. J’ai alors pensé que je pourrais rendre service à l’art si je publiais cette méthode pour le bien des jeunes étudiants et si je partageais avec le monde musical mon expérience de presque trente ans, durant lesquels j’ai servi trois empereurs romains (ce qui, en toute modestie, me rend fier). De plus, comme le disait Cicéron citant Platon : « On ne vit pas que pour soi ; nos vies appartiennent aussi à notre pays, à nos parents et à nos amis. »

Tu remarqueras, cher lecteur, que dans ce livre j’ai donné très peu de place à la théorie et beaucoup plus à la pratique car, l’action étant l’expérience de l’excellence, c’est à elle que je me suis consacré.

Enfin, pour favoriser la compréhension et la clarté, j’ai choisi la forme du dialogue. Avec Aloysius, le maître, je me réfère à Prenestinus (ou pour certains Praeestinus), le phare illustre de la musique de qui je tiens tout ce que je sais de cet art et dont je ne cesserai, tant que je vivrai, d’honorer la mémoire avec un sentiment de profond respect. Avec Josephus, je représente l’étudiant qui désire apprendre l’art de la composition.

Quant au reste, ne t’offense pas de la modestie de mon style, car je ne revendique du latin rien d’autre que l’exactitude. Et j’ai fait le choix d’être compréhensible plutôt que de sembler éloquent.

Salut, porte-toi bien et sois indulgent.

L’enregistrement des exemples musicaux sur Cd est un atout supplémentaire à l’étude.

Celui-ci a été enregistré dans l’église de St Pierre de Gigors-et-Lozeron Drôme (12 ème siècle) avec un quatuor de voix :

  • Béatrice Stantina, soprano
  • Christine Charas Lauzel, alto,
  • Sylvain Mulliez, ténor
  • Henk Van den Brink, basse
  • Frantz Parry, enregistrement

 

Et maintenant, appréciez l’Ave Maria, de P.Dietsch (1806-1865), un des maîtres de Saint-Saëns. L’écriture préconisée par Fux était encore utilisée à la fin du 19 ème siècle ! Et pour joindre l’utile à l’agréable, en voici les 14 premières mesures

Pour commander l’ouvrage aux Editions Henry Lemoine  la référence est 28933

  A écouter du 7 au 11 janvier 2013 sur rts.ch/memoire, la radio suiise romande, une série d’émissions sur le contrepoint.

A voir sur Youtube une un sketch à propos de la quinte juste !
https://www.youtube.com/watch?v=x8MzcVQcehs

2 réflexions au sujet de « Gradus ad Parnassum, Traité de Contrepoint »

  1. Emmanuel le 17 Avr 2014

    Ce qui a été traduit est bon… Ce qui a été traduit…

  2. brochot alain le 14 Oct 2017

    alain brochot , compositeur, je désirerai contacter béatrice stantina, ou un autre chanteur intervenant sur le Gradus : j aurai un choeur a capella à leur proposer. bien amclt alain brochot

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